Durant ce week end du 1er mai, la tribu de Nece organisait la fête de l'avocat et celle de Tadine, la commémoration des 20 ans de la mort de Yeiwene Yeiwene, appelé par tous ceux qui l'ont connu Yéyé.
En effigie sur le T shirt du maire.
Imaginez une superbe cocoteraie, surplombant légèrement la mer: quelques maisons de l'autre côté de la route. Un endroit tranquille, serein, un peu mystérieux, que l'on n'approche pas par respect car il y a une tombe, entourée d'un muret orange et jaune.
Depuis quelques semaines une activité peu habituelle régnait dans ce lieu.
En quelques jours la brousse s'est transformée: débroussage, feux. Puis farés, grandes tentes, cabanes de taule se sont élevés. Ca y est, la tribu est prête à accueillir plusieurs centaines de personnes.
Pendant les trois jours et les trois nuits que va durer la commémoration, cet endroit va se métamorphoser: foule, feu de bois, bruits, odeur de café, musiques, chants, danses, discours, applaudissements, poulets et oignons frits, rires, larmes...
Bien sûr, comme toujours ici, tout commence par la coutume!
Beaucoup d'émotions, une grande dignité.
Chacun est amené par le pasteur à méditer: le culte a eu lieu hier.
C'est bien à une fête que Yéyé est convié: c'est sa fête. Et l'espace devant sa tombe se transforme tour à tour en tribune, en scène, en lieu de recueillement.
Chacun lui parle, raconte une anecdote, partage le souvenir.
Haut commissaire, membres du gouvernement, chef du sénat coutumier, maire, secrétaire général du FNLKS: Que du beau monde parmi les officiels, le reste étant, je suppose, à Tiendanite la tribu de Jean-Marie Djibaou. Il est vrai que les élections provinciales ont lieu la semaine prochaine....mais chut n'ayons pas mauvais esprit!
Nana sa veuve, ayant du mal à contenir ses larmes: "20 ans c'est long, ......... mais c'est rien, c'est comme si c'était hier..."
"Je me sens si petite"
Chacun écoute, participe à sa manière.
Une pulsation de base, enrichie d'autres vibrations, de mélopées et de cris. La montée en puissance d'une palpitation....
L'air vibre de l'énergie dégagée par les danseurs. Le sol résonne du martèlement de leur pieds.
Les femmes s'en mêlent.... Et puis la foule...
Pendant 3 jours et 3 nuits, danses océaniennes, chants, chorales vont de succéder: danseurs de Lifou, de l'île des pins, théatre, chorales locales et même chanteurs corses!!!
Ce petit graçon a fait craquer toutes les "mamans": regarder bien au niveau de son crâne, ce sont des billets de banque! Autour de sa ceinture aussi....il est reparti blindé!!!
Mais les vedettes furent sans hésitation les danseurs des îles Salomons.
Et nous pauvres occidentaux, nous sommes un rien ébahis par tant de gestes et de coutumes qui ne nous appartiennent pas mais qui résonnent si fort en nous.
Pourquoi la mort est-elle effrayante et cachée chez nous?